Direction des risques bancaires : de la surveillance au pilotage de la digitalisation
Longtemps perçue comme une fonction de contrôle, la direction des risques bancaires prend désormais une dimension nouvelle. À l’ère de la digitalisation, elle ne se contente plus d’identifier ou de suivre les risques. Elle devient un des chefs d’orchestre de la transformation technologique, clé d’une digitalisation à la fois performante, éthique et durable.
Direction des risques : une fonction devenue de plus en plus transversale et proactive
Avec le développement de la digitalisation, la Direction des risques a adopté une approche de plus en plus transversale. Aujourd’hui, elle définit et pilote l’appétence des risques technologiques, qui prennent une ampleur inédite. Dans ce cadre, elle est plus que jamais en lien avec la Direction Générale et le Conseil d’Administration, sur les sujets de gouvernance et de renforcement de la résilience opérationnelle. Elle joue ainsi un rôle clé dans la structuration des organisations autour des trois lignes de défense, en veillant à ce que chaque acteur maîtrise son périmètre de responsabilité.
Au-delà des processus, la Direction des risques est fortement impliquée dans de nouveaux chantiers : IA, automatisation, cloud… Elle accompagne leur mise en place, en évaluant leurs bénéfices, mais aussi leurs limites, en lien avec la DSI. Elle est un acteur majeur de la transformation de ces innovations en leviers de résilience et de mitigation des facteurs de vulnérabilité , tels que la dépendance à un prestataire unique, la prolifération d’API non sécurisées, ou encore l’obsolescence de certains systèmes critiques.
Gouvernance IT et conformité renforcée
Avec des régulations en constante évolution (DORA, RGPD, Bâle III), la gouvernance IT bancaire s’impose comme une priorité incontournable. La direction des risques doit établir des politiques robustes, définir des seuils de tolérance précis et promouvoir une véritable culture du risque fondée sur la transparence.
Sa vigilance s’étend également aux prestataires technologiques et à la chaîne d’approvisionnement numérique, désormais sources majeures de dépendance et de fragilité. Des dispositifs de reporting réguliers et des réexamens systématiques permettent d’ajuster les plans d’action en continu et d’optimiser l’allocation des ressources.
Digitalisation responsable et éthique technologique
L’un des rôles émergents de la fonction risques est de devenir le garant d’une digitalisation responsable. Cela implique de s’assurer que les algorithmes et outils numériques soient transparents, explicables et exempts de biais, mais aussi qu’ils respectent la confidentialité des données et intègrent un souci d’impact social et environnemental.
Ce repositionnement exige un effort fort de formation continue et de sensibilisation auprès des équipes comme des instances dirigeantes. L’éthique devient ainsi un critère de décision à part entière, au même titre que la sécurité ou la performance.
Du frein perçu au moteur réel
La Direction des risques bancaires se transforme. Elle passe d’une logique de contrôle à une logique de pilotage stratégique, de gouvernance collective et d’innovation responsable. En assumant ce rôle élargi, elle devient un acteur clé de la confiance numérique et de la résilience organisationnelle. Son implication est essentielle pour garantir la stabilité des systèmes bancaires, renforcer la confiance des clients et des régulateurs, et assurer le succès de la transformation digitale. Plus que jamais, elle doit anticiper, orchestrer et accompagner l’évolution technologique afin d’en faire un levier durable de performance et de stabilité.
Article rédigé par Ostian DE HAUT DE SIGY et Thibaud TURC