Fusion-acquisition : les clés d’une intégration réussie
Après une période de ralentissement des fusions-acquisitions, le marché retrouve un nouvel élan. Les entreprises recentrent leurs activités, s’adaptent aux nouvelles exigences ESG et cherchent à renforcer leur compétitivité face à une concurrence accrue, notamment des fintechs. Dans ce contexte, les opérations de rapprochement se multiplient. Et si ces dernières peuvent prendre une multiplicité de visages, une constante demeure : ce ne sont pas les intentions stratégiques qui font la réussite d’une fusion-acquisition, mais la qualité de son exécution.
Une intégration réussie repose sur une alchimie subtile entre vision, engagement humain et rigueur opérationnelle. Au-delà des chiffres et des synergies, tout se joue dans la capacité à mobiliser les talents, préserver les expertises et structurer l’action collective autour d’un cap clair. C’est là que se dessinent les quatre dimensions d’une intégration réussie : clarifier les enjeux, mobiliser les équipes, sécuriser les expertises et structurer le cadre d’exécution.
Clarifier les enjeux pour mieux prioriser
Chaque fusion-acquisition répond à des objectifs spécifiques : croissance, diversification, économies d’échelle… Ces ambitions, parfois contradictoires, nécessitent une clarification en amont pour aligner les équipes sur les priorités. La première étape consiste à définir une feuille de route claire et lisible. Cette clarification permet de poser les bases d’une gouvernance structurée, d’aligner les acteurs clés, de concentrer les efforts sur les sujets à fort impact.
Mobiliser les talents, progressivement et intelligemment
Une fois les priorités clarifiées, encore faut-il disposer des ressources prêtes à les porter. C’est là que la mobilisation des équipes devient déterminante. Dans un contexte où la confidentialité reste cruciale, il s’agit de créer les conditions d’un engagement progressif, en responsabilisant les managers et en diffusant les enjeux par capillarité. Toutefois, cette dynamique suppose des outils de pilotage clairs, une documentation accessible et une coordination rigoureuse.
Sécuriser les expertises et maintenir la motivation
Une fusion-acquisition est toujours un moment de vérité pour les collaborateurs. Elle crée des incertitudes, parfois des redondances, mais aussi des opportunités.
Les talents clés doivent être identifiés, valorisés et fidélisés dès les premières phases du projet. Leur rôle est central pour préserver les expertises, maintenir la continuité opérationnelle et construire une culture commune. L’implication des RH est déterminante pour offrir des perspectives, sécuriser les ressources et accompagner les équipes dans la durée.
Structurer le cadre d’exécution pour garantir la mise en œuvre
Cet engagement humain ne peut toutefois produire ses effets que s’il s’inscrit dans un cadre d’exécution clair et partagé. Il s’agit de concilier souplesse et rigueur : suivre l’avancement, maîtriser les coûts, tout en assurant la continuité des obligations réglementaires et financières. Souvent jugés à l’aune des résultats immédiats, les managers ont besoin d’outils clairs et efficaces pour piloter la transformation dans la durée.
Une fusion réussie ne repose pas uniquement sur une stratégie bien pensée, mais sur une exécution rigoureuse, humaine et structurée. Les managers doivent être en mesure d’incarner cette exigence : clarifier, ajuster, arbitrer, communiquer. Les équipes, elles, doivent comprendre le “pourquoi” du projet pour s’y engager pleinement. Comme le résume Larry Bossidy, ancien PDG d’Honeywell et co-auteur du best-seller Execution : The Discipline of Getting Things Done : « Tout est dans l’exécution : la discipline pour aller au bout des choses. »
C’est précisément cette discipline qui transforme une intention stratégique en création de valeur tangible, pour l’entreprise comme pour ses collaborateurs.
Par Thuy-Trang Doan, Partner, et David Guillet, Directeur chez Julhiet Sterwen.