down
News

Etude | Potentiel de l’autoconsommation collective en France

La loi d’Accélération des Productions d’Énergies Renouvelables (APER), promulguée en mars 2023, donne une impulsion inédite à la production d’électricité photovoltaïque (PV, photovoltaïque). Dans ce contexte, Julhiet Sterwen a mené une étude autour de l’autoconsommation collective en France. Cette dernière estime le potentiel de l’autoconsommation collective (ACC) sur la couverture des parkings (hors toitures, agri-PV etc).

 

L’étude complète est disponible en téléchargement à la fin de cet article.

 

Les questions que se posent le marché

Quels sont les bénéfices du développement du PV ?

Quel est l’intérêt pour les consommateurs ?

Quels sont les impacts du développement du PV ?

Quel est le potentiel réel de développement, à l’échelle des parkings ?

 

Les transformations qui vont s’imposer au système électrique français sont très fortes, pour servir une électrification massive d’usages aujourd’hui très carbonés. Le photovoltaïque est clairement désigné comme l’une des solutions pour être au rendez-vous de cette transformation. La Loi APER et l’obligation qu’elle impose de couvrir les parkings par des ombrières contribuent de lui donner l’impulsion nécessaire.

 

Quels sont les avantages du développement du photovoltaïque ?

Le PV offre la possibilité de réduire notre dépendance au gaz pour la production d’électricité, dans un contexte où les besoins augmentent, liés à l’électrification des usages. Dans le bilan prévisionnel de 2023-35 de RTE, les scénarios de transition réussie tablent sur une augmentation de la consommation électrique de l’ordre de 105 à 165 TWh entre 2019 et 2035 (+22 à +35%). En parallèle, la puissance solaire installée doit faire entre x4 et x 6 pour s’établir entre 65 et 90 GWc. Cette énergie solaire doit donc jouer un rôle clé pour l’accélération de la décarbonation, sans s’opposer à une base pilotable décarbonée.

 

Le photovoltaïque est en outre rapide à déployer (~18-24 mois autorisations comprises pour une installation vs >5 ans pour un parc éolien) et facile à mettre en œuvre sur des surfaces déjà occupées par des activités (« surfaces anthropisées »). C’est d’ailleurs au plus près des consommations que le PV donne sa plus belle mesure. Il a vocation à s’intégrer dans les lieux de notre quotidien, et à servir les consommateurs, de manière locale. La cohabitation se fait en harmonie, ce qui est un avantage indéniable quand on se projette sur 20 ans.

 

La question du modèle économique permettant le développement du photovoltaïque se pose donc. Une des pistes les plus intéressantes à explorer, en France, est celle de l’autoconsommation collective (ACC). Il s’agit d’une vente en circuit court qui privilégie les “voisins” de l’énergie produite. Ce dispositif existe depuis plusieurs années, mais son décollage réel ne commence que maintenant. Très peu d’évaluations de son potentiel ont été faites à ce jour. Trop longtemps, l’ACC a été réduite à une sympathique action de solidarité locale.

 

Les résultats de l’étude

L’étude réalisée par Julhiet Sterwen démontre que l’ACC a un grand potentiel sur les parkings. Nous l’avons mesuré en projetant les productions, leurs coûts et les potentiels d’absorption sur les 50 000 parkings de plus de 1500m² en France.

 

Les points clés sont les suivants.

  • On retient généralement un potentiel technique issu de la loi APER de l’ordre de 11 GWc. Ce potentiel technique (avant exemptions) est en réalité plutôt de l’ordre de 23 GWc (bien sûr, tout ne sera pas déployé). Le chiffre largement diffusé reprend l’étude d’impact de la loi APER, rédigée sur la base d’un seuil de 2500 m² (vs 1500 m² dans la loi) et à partir d’une extrapolation du contexte Francilien.
  • Dans les conditions actuelles de marché, le potentiel sur les parkings est de l’ordre de 3 GWc. Il peut facilement atteindre 8 GWc, au prix d’adaptations simples des dispositifs de soutien.
      • Le soutien actuel à la production PV sur les petites sites (<500kWc) sécurise les projets mais n’aide pas leur compétitivité – une exonération de droits d’accise permettrait de déployer jusqu’à 3,5 GWc d’ACC dont 1 GWc actuellement hors marché.
      • Sur les sites de taille moyenne entre 500 kWc et 3 MWc, le soutien existant offre de la compétitivité aux sites mais génère des risques de contrepartie car l’énergie produite qui n’entre pas dans l’opération d’autoconsommation est sous-valorisée. Corriger ce point débloquerait près d’1 GWc. Ce sera notamment utile pour débloquer des potentiels intéressants dans des régions historiquement sous-équipées en PV.
  • Enfin, aujourd’hui, sur les grands sites de plus de 3MWc, faire de l’ACC même partiellement c’est renoncer à des appels d’offres moins rémunérateurs mais plus sécurisants. Permettre d’ajouter une option ACC sur ces grands sites ouvrirait la voie à 0,8 GWc de plus.

 

 

Facile à déployer, d’une intégration aisée dans les lieux de vie et les lieux d’activité, à l’origine d’une énergie décarbonée, le photovoltaïque a les atouts pour arriver partout. Cette énergie se prête particulièrement bien aux circuits courts d’autoconsommation individuelle et collective. L’étude menée par Julhiet Sterwen montre que l’ACC peut contribuer fortement aux développements sur les parkings. Mais les circuits courts sont aussi de vrais leviers pour le développement en toiture. Il est vraisemblable qu’une part similaire du potentiel technique, à savoir 30 à 40%, pourrait trouver sa place en autoconsommation individuelle ou collective. En outre, dans le contexte de la cohabitation avec les autres segments, éolien, PV au sol, agriPV notamment, l’ACC pourrait offrir un outil de cohésion territoriale concernant 5 à 10% du potentiel.

 

Etude réalisée par l’équipe de Julhiet Sterwen, à partir de données open data sur les parkings, de la Base de Données Nationale des Bâtiments, d’open data Enedis et de la base SIRENE.