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Les territoires réinventent l’accès aux soins

Article réalisé dans le cadre de notre newsletter Perspectives Territoriales.

 

L’accès aux services publics reste un défi dans de nombreux territoires français, en particulier sur les sujets de santé. Face à cette situation, des initiatives émergent, avec des idées originales. Découvrez ici deux exemples concrets de dispositifs de ce type, portés par des territoires aux contraintes différentes :

  1. En Guyane, où les réalités géographiques imposent des adaptations spécifiques, des Centres délocalisés de prévention et de soins permettent d’apporter une offre de santé aux populations isolées.
  1. En Saône-et-Loire, la circulation des données est un véritable défi, pour suivre les patients dans leurs déplacements entre les différents professionnels de santé, où des solutions techniques et organisationnelles sont mobilisées.

 

Ces participent à un même objectif : fluidifier les parcours de soins, en s’adaptant aux spécificités locales.

 

La Guyane : des médecins au cœur de l’Amazonie

La Guyane compte un peu moins de 300 000 habitants, soit une population équivalente à celle de la ville de Nantes, dispersée sur un territoire de 84 000 km², aussi vaste que la Nouvelle-Aquitaine. Sur les 22 communes guyanaises, 7 ne sont desservies par aucune route et ne sont accessibles que par voie fluviale ou aérienne. Cet isolement est aggravé par des difficultés d’accès à Internet : plus de 40% de la population n’est pas connectée à Internet, contre seulement 7,4% en Hexagone.

Dans ce territoire, la population est plus jeune que la moyenne métropolitaine : 45% de la population a moins de 25 ans, contre 25% en métropole. Le territoire a des enjeux de santé spécifiques, tels que l’infectiologie et la prévention de la mortalité infantile.

 

Pour répondre à ces enjeux, le territoire dispose d’une offre limitée en médecine libérale et en structures privées. Les services publics, sous l’impulsion du Groupement Hospitalier de Territoire (GHT) guyanais, ont mis en place des solutions adaptées.

D’abord, des médecins spécialistes, installés dans les centres hospitaliers du littoral, se déplacent sur des périodes de 3 mois dans les hôpitaux de proximité et centres de santé localisés en forêt pour renforcer ces établissements souvent, pauvres en médecins spécialistes. Des logements sur place sont prévus pour faciliter et inciter leur venue. Des investissements ont également permis de diversifier les équipements d’échographie et de radiologie. Enfin, face à la faiblesse du réseau Internet, une connexion satellitaire est en cours de finalisation pour couvrir notamment les établissements situés en forêt. Cyril Rousseau, médecin coordonnateur des Centres délocalisés de prévention et de soins, précise :

« Il y a aussi des pirogues avec des équipes mobiles de santé qui se rendent dans des lieux reculés et nous sommes le premier service public à proposer cela, par rapport à la justice ou à la police par exemple, qui ont les mêmes problématiques de mobilité pour les usagers. »

 

 

Les efforts se poursuivent : le lancement d’un Centre hospitalier universitaire (CHU) en janvier 2025 permet de structurer progressivement une offre de soins plus complète et d’attirer étudiants et internes. La création prochaine d’un diplôme universitaire spécifique au territoire viendra compléter les initiatives en matière de médiation en santé, déjà portées par les acteurs locaux. Cette médiation est essentielle pour renforcer le lien entre soignants et populations, dans un contexte de pluralité culturelle et linguistique. En effet, la maîtrise imparfaite, voire absente, de la langue française à certains endroits vient compliquer la communication, d’autant plus lorsque cela se confronte à des réticences face à la médecine moderne, au profit de pratiques traditionnelles. La médiation permet ainsi de redonner confiance aux patients, tout en favorisant leur adhésion aux soins.

Grâce à ces initiatives, l’offre de soins s’améliore avec la venue de spécialistes et la réalisation d’examens type échographie dans les hôpitaux de proximité, équipés des outils appropriés dans le cadre du CHU. Le nombre de consultations de spécialistes est passé de 2 000 à 8 000 par an. D’après les chiffres du Conseil de l’Ordre des Médecins, le territoire connait une attractivité accrue pour les médecins, dont le nombre a augmenté de 86,6% en 15 ans, contre seulement 13,6% pour la population.

 

La Saône-et-Loire : des parcours plus fluides grâce à des données centralisées

Dans un département rural comme la Saône-et-Loire, des solutions de fluidification du parcours sont également mises en œuvre, avec des médecins amenés à se déplacer à plus d’une heure de leur lieu d’exercice habituel. Ces initiatives s’articulent avec des dispositifs de prise en charge au plus près du patient : ce dernier peut d’abord effectuer un examen près de son domicile, y compris pour sa préparation préanesthésique. Ensuite, il se déplace en voiture, à une heure de son domicile, pour son opération au centre hospitalier de Chalon. Enfin, il effectue son suivi post-opératoire à son domicile.

Mais avec la multiplicité des structures et des intervenants, ces solutions se heurtent à des contraintes techniques concernant l’accès aux données cliniques : les outils numériques des différents hôpitaux ne communiquent pas entre eux. Les professionnels de santé n’ont pas de vision holistique du parcours de soin, de santé et de vie du patient. Résultat : des examens parfois redondants, perte de temps pour les soignants comme pour les patients, et surtout perte de chance pour les publics les plus vulnérables. Tout cela vient alors heurter la confiance des patients, pouvant aller jusqu’à entraver leur adhésion aux soins.

 

Pour faire face à ces difficultés, le GHT a engagé une transformation de ses systèmes d’informations. Après avoir initialement exploré l’idée d’un DPI unique, l’établissement y a renoncé, constatant que les différentes spécialités ont des besoins spécifiques.

« Finalement, il fallait un virage à 180° et repenser la façon dont nous traitons les données. C’est pour cela que nous avons finalement opté pour un concentrateur de données cliniques. L’idée de cet outil est de regrouper toutes les données du patient au même endroit, selon une logique de « séjour patient » », nous confie Sylvain Rollot (directeur adjoint du GHT).

Avec ce système, chaque professionnel continue d’utiliser son logiciel, tandis que les données sont centralisées dans un espace unique, accessibles dynamiquement ou via des documents PDF. Ce système permet d’assurer l’accès à l’information pour les équipes de soins, quel que soit l’établissement ou le lieu d’intervention du praticien, tout en fluidifiant les parcours et limitant les déplacements.

Pour accompagner le déploiement de ce dispositif, le GHT a imaginé une conduite du changement inclusive en proposant une démarche de co-construction. Ainsi, les professionnels de santé, personnels administratif, la direction, les membres du conseil d’administration dont les maires de certaines communes, ont tous participé au projet. Cette mobilisation a permis de construire un fort consensus autour de la solution proposée et une appropriation par tous. Le caractère innovant de ce projet et son aspect facilitant pour les soignants contribue également à renforcer l’attractivité pour des professionnels de santé et des étudiants en médecine ou en ingénierie.

 

L’expérience de la Saône-et-Loire illustre que des solutions numériques adaptées peuvent contribuer à fluidifier les parcours. De plus, les données ainsi recensées permettront d’analyser de manière anonyme et agrégée les pratiques, l’évolution des pathologies et des parcours, ouvrant la voie à une approche populationnelle.

A terme, comme le précise Stéphane Kirche (Directeur Hospitalier), « Grâce aux outils d’IA basés sur notre production de données cliniques, nous allons pouvoir améliorer la réponse aux besoins de santé de nos concitoyens, pour un territoire donné et garantir une égalité d’accès aux soins ».

 

Pour conclure : l’humain au centre

Qu’il s’agisse de franchir les obstacles géographiques en Guyane ou de reconnecter les données en Saône-et-Loire, ces initiatives ont un point commun : elles déplacent les repères du système de santé, en privilégiant la proximité, la coordination et l’adaptation. Mais au-delà des outils, ces initiatives ne peuvent exister qu’en se reposant sur des dynamiques collectives fortes, engageant à la fois les professionnels de santé, les établissements, les usagers, mais aussi les élus locaux qui peuvent porter leur voix.

Ces approches, en rendant possible l’arrivée de médecins là où il n’y en avait pas, en facilitant le partage d’information là où les parcours étaient morcelés, renforcent l’attractivité pour les soignants et redonnent confiance aux patients.