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Quand la Politique de la Ville se heurte à la transition écologique

Article 1/3 du tryptique “Au cœur des quartiers, les défis d’une transition juste”, rédigé par Frédérique Triballeau. Découvrir les articles 2/3 et 3/3.

Politique de la Ville et transition écologique : une double transversalité

Souvent négligés dans le panorama des politiques publiques, les sujets de Politique de la Ville peinent à être considérés comme prioritaires. Leur transversalité avec d’autres domaines tels que le développement économique, l’éducation, la culture, la santé… peut expliquer leur difficulté à émerger. Mettre en place une politique publique cohérente visant un quartier et ses habitants paraît difficile, surtout lorsque cela nécessite une action coordonnée entre tous les acteurs impliqués. Ce constat est encore plus vrai lorsqu’il s’agit de la transition écologique. Les acteurs tendent à la percevoir comme une dimension supplémentaire à intégrer, ce qui est d’autant plus complexe étant donné sa nature transversale. En effet, la transition écologique concerne plusieurs enjeux, comme l’énergie, la végétalisation, l’adaptation aux risques naturels. Elle adresse également différentes échelles géographiques, tels que le logement, l’immeuble, le quartier.

Bien que le sujet de la transition écologique ait été identifié comme prioritaire au niveau national, sa place dans la nouvelle génération des Contrats de Ville reste en deçà des enjeux. La transition écologique est encore trop souvent perçue comme un “luxe”, selon une rhétorique bien connue qui préconise de résoudre les problèmes immédiats avant de penser au long terme.

 

Des quartiers impactés plus fortement par les inégalités environnementales et sociales

Pourtant, ce sont les personnes les plus vulnérables au changement climatique et aux dégradations environnementales qui ont la plus faible empreinte carbone, à savoir les classes sociales les plus défavorisées. Au niveau mondial, entre 1990 et 2015, les 50 % les plus pauvres, soit 3,1 milliards de personnes, étaient responsables de seulement 7 % des émissions cumulées, alors que les 10 % les plus riches de la population mondiale étaient responsables de 52 % des émissions de CO2 cumulées. En France, environ 8% de la population vit dans des quartiers prioritaires et est directement touchée par l’artificialisation excessive des sols, la pollution de l’air, les îlots de chaleur urbains et la diminution des espaces de biodiversité. Intégrer une vision de la transition écologique sur le temps long au sein des quartiers permettrait aussi de traiter les problèmes immédiats de façon plus cohérente.

 

Vers une intégration pleine et entière des enjeux de la transition écologique

Malgré son importance, la transition écologique peine à trouver sa place dans les programmes des Contrats de Ville et les dispositifs de la Politique de la Ville. Les acteurs se demandent si elle doit être abordée de manière distincte ou intégrée à d’autres thématiques. Intégrée, elle risque de se diluer, alors qu’en tant que thématique autonome, elle pourrait être perçue comme une dimension supplémentaire. Elle serait alors susceptible de faire de l’ombre à d’autres problématiques en raison du manque de financement.

Comment pouvons-nous faire comprendre que ces enjeux sont interdépendants ? Comment mettre en œuvre une transition écologique juste dans les quartiers ? Comment prendre conscience que la transition écologique et l’adaptation au changement climatique sont avant tout des combats contre les inégalités ?

 

Découvrez dans les deux prochains articles les actions par lesquelles cette transition juste peut être réalisée :

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Crédit photo : Frédérique Triballeau – Quartier des Acacias à Louviers, quartier prioritaire de l’Agglomération Seine-Eure, dont Julhiet Sterwen a accompagné l’élaboration du contrat Quartiers 2030