down
News
Quantitative Tightening

Quantitative Tightening : la remontée des taux et ses conséquences

Le phénomène américain : le “Quantitative Easing”

La crise de liquidité liée à la perte de valeur brutale des produits structurés tels que les CDO et CDS en 2008 a eu pour effet une diminution du volume de dollars en circulation. La Réserve Fédérale Américaine a mené une vaste opération de soutien à l’économie. Elle a ainsi acheté massivement des  obligations bancaires.  100 milliards de dollars de rachat d’actifs ont eu lieu chaque mois. Son bilan est ainsi passé de 900 milliards de dollars en 2008 à 4 258 milliards début août 2018. Cette pratique est appelée “Quantitative Easing” (ou assouplissement quantitatif).

 

Et pour l’Euro ?

L’Euro a suivi la dynamique américaine à travers différents programmes dès 2008, tels que l’ABSPP (Asset-Backed Securities Purchase Programme) consistant à acheter des obligations émises par les banques et ainsi promouvoir la production de crédit. En août 2018 , la BCE (Banque centrale européenne) affiche un bilan de 4 602 milliards d’euros, suivant la tendance de la FED, afin de maintenir la parité de change Euro-Dollar.

 

L’évolution vers le “Quantitative Thightening”

Ces opérations se sont révélées indispensables post crise. Mais l’économie mondiale montre aujourd’hui de nouveau des signes de bonne santé. Ainsi la FED a annoncé qu’elle allait diminuer ses détentions d’obligations bancaires. Elle a également indiqué remonter ses taux directeurs . Elle prévoit de diminuer de 50 milliards de dollars par mois le montant de ses actifs. Depuis début 2018, le bilan de la FED s’est resserré de 67 milliards de dollars. Il est ainsi revenu à la situation de 2014.

Ce phénomène de « Quantitative Tightening » entraîne une hausse de la valeur du dollar en parité de change. Le dollar est ainsi remonté face à l’euro dans les 6 derniers mois.

 

Evolution des taux directeurs

En Europe, la BCE maintient sa politique de taux directeur bas. En cela, elle diverge de l’approche américaine. Les taux directeurs devraient rester bas jusqu’à l’été 2019 . Néanmoins, le programme de refinancement portant sur 2 600 milliards d’euros doit être arrêté d’ici fin 2018. Les obligations arrivées à terme ne seront donc pas renouvelées.

L’impact à retardement en Europe sur 2019 laisse présager d’une remontée des taux directeurs et donc des enjeux de production de crédit. L’Union Européenne affiche une inflation (annuelle) d’environ 2% depuis le mois de juin dernier. Cela répond à l’objectif fixé dans la constitution de la BCE. Précisons que l’inflation française est autour des 2,4%. L’inflation italienne, de son côté, est nettement inférieure (1,4%) .

Une annonce de la BCE quant à une hausse des taux directeurs impacterait tous les états de la zone Euro. Elle pourrait avoir des effets localement néfastes. Nous pensons notamment au livret A. Il deviendrai ainsi moins rémunérateur que l’inflation. Cela en ferait un placement à perte.

 

Vers un phénomène d’hyperinflation ?

L’effet le plus marqué de cette nouvelle politique de la FED s’observe auprès des pays émergents. Ceux-ci  avaient profité d’un dollar peu cher. A l’heure actuelle, le remboursement des emprunts contractés en dollar atteint jusque 70% du PIB de ces économies. Ces dernières entrent ainsi en crise, comme en témoignent les exemples turcs ou argentins. Des phénomènes d’hyperinflation sont donc à craindre dans les temps à venir dans ces pays dépendant du dollar pour le développement de leur économie.

 

Texte publié initialement dans Point Banque.